L’école de Barbizon était un mouvement artistique qui appartenait au phénomène plus large du naturalisme en Europe et a existé de 1830 à 1870. Les peintres de ce groupe ont contribué de manière significative à l’indépendance du genre du paysage, à la popularisation de la peinture de plein air et à l’affirmation des scènes authentiques de la nature et de la vie rurale comme thèmes de peinture.
Inspirée par cette école, toute une vague de colonies artistiques à travers le monde a vu le jour dans la seconde moitié du XIXe siècle et au cours du XXe siècle. Les représentants éminents de ce mouvement sont Jean-Baptiste-Camille Corot, Jean-François Millet, Charles-François Daubigny, Théodore Rousseau, Jules Dupré, Narcisse Virgilio Díaz, Charles Jacque, Constant Troyon.
Œuvres d’art notables de l’école de Barbizon
Le néoclassicisme de l’École des Beaux-Arts
Au début et à la fin de la période moderne, il existait une hiérarchie clairement établie des genres de peinture dans la culture européenne. Ainsi, la première ou la plus haute position était occupée par la peinture d’histoire, la place suivante revenait à la peinture de portrait et la troisième à la peinture de genre. Les genres dits inférieurs étaient constitués de paysages et de natures mortes. La peinture des genres inférieurs est appréciée de cette manière parce qu’elle était perçue comme une peinture fragmentaire. Dans une telle hiérarchie, les fragments de paysage ou de nature morte constituaient les éléments par défaut de la peinture historique. L’École des Beaux-Arts a poursuivi cette tradition et a fermement promu les principes du néoclassicisme.
Ces valeurs se sont reflétées dans le processus de création d’une image, qui est avant tout un travail intellectuel. Les thèmes mythologiques, religieux ou historiques devaient être amenés dans un tableau construit sur des proportions clairement définies et la structure de la composition. Le paysage a servi d’arrière-plan au contenu essentiel de la peinture. Les premières avancées dans la reconnaissance officielle du paysage en tant que genre autonome par l’Ecole des Beaux-Arts se manifestent par l’introduction du Prix de Paysage Historique en 1817. Bien que le paysage soit encore nécessairement considéré à travers le prisme de la peinture historique, cela a ouvert la voie à d’autres changements. La présentation de John Constable sur la scène artistique parisienne aura un impact important sur les peintres de l’école de Barbizon, qui commenceront leurs rassemblements quelques années après son succès au Salon.
Redéfinition de la peinture de paysage avec
John Constable
Le peintre anglais John Constable a joué un rôle important dans le processus de reconnaissance du paysage comme un genre pictural indépendant. Ses paysages monumentaux étaient un exemple de la peinture naturaliste authentique. Il est important de souligner que Constable a transformé la peinture du monde naturel en rejetant l’idée d’harmoniser la nature en construisant un « paysage idéal » dans l’atelier. La tradition séculaire consistant à dessiner des motifs dans la nature pour les intégrer ensuite dans l’ensemble de la composition peinte a été remplacée par la révolutionnaire peinture en plein air.
La peinture de paysages en plein air que Constable a popularisée – avec une nouvelle attitude à l’égard de la lumière naturelle et des paysages naturels – a considérablement transformé non seulement les peintures naturalistes, mais aussi l’art moderne à partir de l’impressionnisme. Le tableau de John Constable, The Hay Wain, a été exposé au Salon de Paris en 1824. Cette œuvre, dépourvue de sous-texte épique et de composantes mythologiques, apportant la scène rurale de la campagne anglaise, a connu un grand succès et a rendu ce peintre célèbre en France.
Fontainebleau et Barbizon comme espaces d’évasion
Au cours du XIXe siècle, la pratique consistant à quitter les grandes villes à la recherche d’un environnement naturel harmonieux s’est répandue parmi les artistes français. Les pionniers de ce phénomène, qui se transformera en colonie artistique, sont les artistes de Barbizon. Jean-Baptiste-Camille Corot a été le premier d’un groupe de peintres de Barbizon à peindre dans la forêt de Fontainebleau. Après sa première arrivée en 1829, il est retourné dans la région à plusieurs reprises en 1830 et 1831 pour travailler sur le tableau Vue de la forêt de Fontainebleau. Bien que située à seulement 70 kilomètres de Paris, cette région offrait aux artistes l’ambiance rurale authentique dont ils rêvaient. Derrière les denses ceintures forestières de Fontainble, il y avait plusieurs petits villages, dont Barbizon est devenu la destination la plus célèbre et la plus fréquente pour les artistes qui y séjournaient.
L’école d’art qui s’est développée dans cette région depuis les années 1830 porte le nom de ce village. Après Jean-Baptiste-Camille Corot, Théodore Rousseau, Paul Huet, Constant Troyon ainsi que Charles-François Daubigny et Jean-François Millet commencent à arriver à Barbizon. En quittant délibérément l’environnement urbain et en subordonnant l’expérience entière de la nature au travail artistique, ces artistes ont déclenché une vague de changements dans l’art européen. Dans la seconde moitié du 19e siècle, Barbizon et la forêt de Fontainebleau sont visitées par de nombreux peintres dont les œuvres détermineront les courants de l’art moderne. Parmi eux, Pierre-Auguste Renoir, Alfred Sisley, Claude Monet, Edouard Manet.
Nouvelle peinture de paysage de l’école de Barbizon
Les paysages de John Constable et les paysages de l’âge d’or hollandais, en particulier ceux de Jacob Van Ruisdael et de Meindert Hobbema, sont des exemples de peinture de paysage qui ont influencé le développement de l’école de Barbizon. En regardant ce tableau, les artistes de Barbizon ont eu tendance à s’éloigner des formes raffinées caractéristiques de Nicolas Poussin et de Claude Lorrain. Rompant avec la tradition du paysage idéal, ces artistes ont insisté sur le paysage français réel comme thème d’un tableau. En restant dans la nature et en observant la vie et le travail des paysans, les peintres de Barbizon ont créé une expression naturaliste particulière. La procédure Plein Air a été cruciale dans leur approche de la peinture.
L’école de Barbizon comme modèle de colonie artistique
Dans le sillage de l’industrialisation intensive de l’Europe et du naturalisme en tant que réponse philosophique et artistique à celle-ci, des colonies artistiques inspirées de l’école de Barbizon ont été créées dans toute l’Europe. Paris étant le centre le plus important de l’art européen, de nombreux peintres du monde entier l’ont visité et se sont familiarisés avec le phénomène de la peinture naturaliste de cette école. À l’instar de la colonie d’art de Barbizon, l’école de La Haye, l’école de Pont Aven, l’école de Newlyn, l’école de la rivière Hudson ont été créées. Les colonies de Skagen et de Nagybánya ont été formées selon le même modèle. L’école de Barbizon a également influencé la peinture des peintres russes du groupe Peredvizhniki.
Artistes notables
- Charles-François Daubigny (1817 – 1878)
- Théodore Rousseau (1812 – 1867)
- Jean-François Millet (1814 – 1875)
- Jules Dupré (1811 – 1889)
- Narcisse Virgilio Díaz (1807 – 1876)
- Jean-Baptiste-Camille Corot (1796 – 1875)
- Charles Jacque (1813 – 1894)
- Constant Troyon (1810 – 1865)
- Charles Olivier de Penne (1831 – 1897)
- Albert Charpin (1842 – 1924)
- Paul Trouillebert (1829 – 1900)