Paul Cézanne (1839-1906) était un peintre post-impressionniste français et l’une des figures les plus influentes du premier cubisme. Cézanne est aussi largement considéré comme un pionnier de l’art moderne. L’utilisation par Cézanne de la perspective et des formes géométriques a prédit les multiples plans visibles et les compositions géométriques qui sont au cœur du mouvement cubiste.
Cézanne a peint dans différents styles, notamment des paysages, des portraits et des natures mortes. Les peintures de Cézanne sont reconnaissables à leurs couleurs vives, à leurs coups de pinceau et à leur approche originale de la perspective. Cézanne a rejeté les approches traditionnelles de la perspective linéaire en peignant des personnes, des paysages et des objets dans une composition comme s’ils étaient vus sous plusieurs angles à la fois. Cézanne a également appliqué la peinture en utilisant des coups de pinceau libres pour construire des formes géométriques.
Cézanne a été brièvement impliqué dans le mouvement impressionniste avant de poursuivre son style de peinture unique. Cézanne a conservé quelques techniques centrales du mouvement impressionniste, telles que le « coup de pinceau brisé » et les « coups de pinceau constructifs », évidents dans ses peintures. Cependant, Cézanne a raffiné ces techniques de peinture pour rendre ses sujets dans un contraste de couleurs vives et sur des plans géométriques. Cézanne s’est intéressé de près à la simplification des formes naturelles jusqu’à leurs fondements géométriques.
Le style distinctif de Cézanne, qui consiste à construire des formes à l’aide de la couleur, et son approche analytique des paysages ont influencé les cubistes, les fauves et les générations suivantes de peintres d’avant-garde.
Les tableaux de Cézanne, comme Gardanne (1885-86), préfigurent le cubisme de Georges Braque et de Pablo Picasso. L’influence de Cézanne sur les débuts du cubisme se manifeste notamment dans les impressions de Braque sur la ville française de l’Estaque et dans les autoportraits de Picasso.
Les motifs vifs, volumétriques et géométriques de Cézanne sont reproduits et affinés dans les Maisons de l’Estaque (1908) de Georges Braque. Dans ce tableau, le lien entre l’œuvre de Braque et celle de Cézanne est évident dans le clin d’œil à L’Estaque, que Cézanne avait peint à de nombreuses reprises auparavant. L’utilisation par Braque du même style géométrique et des mêmes motifs est également apparente.
La profonde influence de Cézanne sur Braque et Picasso, et sur tout l’art moderne lui-même, est également soulignée dans une déclaration célèbre, où Picasso se réfère à Cézanne comme « le père de nous tous ».
Les influences de Cézanne : Formes géométriques
Cézanne a interprété la nature à travers des formes géométriques, ce qui a considérablement influencé le cubisme. Cézanne réduit souvent ses sujets à leurs formes géométriques primaires. Par exemple, un arbre était une combinaison stratégique de cylindres, et une pomme était une sphère. Selon l’œuvre de Cézanne, les cônes, les sphères, les cylindres et les cubes sont à la base de toute forme existante. Cette conviction a été essentielle à l’origine du cubisme et à son développement ultérieur à travers les œuvres de Picasso et de Braque.
Cézanne a également utilisé la couleur pour mettre en valeur les éléments géométriques de ses sujets. Le traitement de la forme par Cézanne lui permet de créer du volume grâce à des plans de couleurs modulées, où une seule forme passe du sombre au clair, du chaud au froid. Cézanne utilise des couleurs contrastées pour assembler ses compositions, sans utilisation précise de la ligne.
Les influences de Cézanne : Perspective
Le jeu de Cézanne sur la perspective traditionnelle à un point a influencé l’esthétique fragmentée du cubisme. Cézanne expérimente les règles de la perspective et peint ses objets avec des surfaces aplaties, montrant simultanément le sujet sous plusieurs angles. Chaque élément semble faire allusion à sa position et à son point de vue uniques.
Cézanne a obtenu une apparence presque floue dans ses peintures en soulignant les angles de chaque objet individuellement plutôt que de maintenir une perspective unique de la scène entière. La technique de Cézanne a donné lieu à une apparence modérément déformée et abstraite qui est devenue plus tard un élément central du cubisme.
Les artistes cubistes tels que Braque et Picasso ont développé l’utilisation de la distorsion par Cézanne en présentant simultanément plusieurs vues du même sujet à partir de positions variées. Cette technique a permis de créer un plan d’image encore plus abstrait que tout ce que Cézanne a jamais peint. Les sujets fragmentés, aplatis et géométriques sont reconnus comme les marques du style cubiste.
Tableaux de Paul Cézanne sur le cubisme
Cézanne travaille à Gardanne, un village perché près d’Aix-en-Provence, sa ville natale, de l’été 1885 au printemps 1886. Il a peint la bien nommée peinture à l’huile Gardanne (1885-86), que l’on voit sur l’image ci-dessous, qui a considérablement influencé le style cubiste :
Gardanne (1885-86)
Deux influences principales du cubisme sont évidentes dans le Gardanne de Cézanne : les formes géométriques et un jeu sur la perspective traditionnelle. Les traces de formes géométriques se retrouvent principalement dans les structures, comme le clocher de l’église locale et le groupement d’habitations aux toits rouges.
Les structures géométriques sont également à facettes dans la mesure où Cézanne a incliné la perspective de la scène pour refléter la possibilité de voir plusieurs angles simultanément dans un seul plan d’image.
La montagne Sainte-Victoire vue de la carrière Bibemus (ca. 1897)
Le tableau de Cézanne intitulé « La montagne Sainte-Victoire vue de la carrière de Bibemus » (vers 1897) est une autre de ses œuvres tardives dont le style se reflète dans les premières œuvres cubistes. L’une de ses nombreuses peintures de la région entourant sa maison, la montagne Sainte-Victoire, représente des habitations en forme de cubes et des arbres lourds, presque sphériques. Voir ci-dessous :
Cézanne utilise des plans fuyants de couleurs modulées pour influencer la perspective et la rondeur générale des formes. Une fois encore, le traitement de la perspective par Cézanne laisse l’ensemble du tableau dans un état de semi-abstraction, préfigurant l’abstraction quasi-totale du cubisme.
Les grands baigneurs (1900-1906)
Une autre influence apparente sur le cubisme est Les grandes baigneuses de Cézanne (1900-1906), illustrées ci-dessus. Dans Les grandes baigneuses, Cézanne a peint un groupe de femmes nues se relaxant près d’un lac. Cette peinture à l’huile monumentale de Cézanne est réalisée dans son style post-impressionniste caractéristique, avec des formes géométriques et des couleurs modulées pour mettre en valeur les éléments de rondeur qu’il percevait dans la nature.
Autres influences sur le cubisme
Outre Cézanne, d’autres styles artistiques, tels que l’art cycladique et africain, ont également influencé le développement du cubisme. Les masques tribaux africains ont influencé les artistes cubistes tels que Pablo Picasso. Les masques tribaux africains présentent une image humaine vivante mais ne sont pas naturalistes, dans le sens où les parties attendues du visage sont toutes présentes mais sont abstraites d’une certaine manière.
L’art cycladique est une influence longtemps négligée sur le cubisme et une grande partie de l’art moderne. Compte tenu de ses origines grecques préhistoriques, il reste encore beaucoup à découvrir sur l’art cycladique. Cependant, des artefacts datant d’aussi tôt que 3200 avant notre ère révèlent des qualités stylistiques très similaires à celles du cubisme, malgré des disparités de fonction.
Le cubisme a emprunté des éléments esthétiques à l’art africain et à l’art cycladique, laissant de côté la fonction symbolique de nombreux objets. Dans l’art cycladique, les sculptures de personnes sont également réduites à leurs formes essentielles, telles que des visages allongés n’ayant guère plus que l’arête du nez et un cou comme support. Cela suggère que les peuples cycladiques étaient plus concernés par l’essence d’un objet ou d’une personne que par les détails infimes de son apparence.